MÉMOIRES COMMUNISTES, MÉMOIRES DU COMMUNISME EN ROUMANIE

Après décembre 1989, les membres de l’ancienne nomenklatura communiste roumaine ne se sont généralement pas précipités pour évoquer leurs responsabilités sur le pouvoir communiste. Les seuls à le faire furent des dirigeants de la vieille garde, plus poussés par le désir de justifier leurs positions idéologiques et pratiques, que près d’assumer le bilan négatif de la période totalitaire. Il n’est donc pas très étonnant qu’ils aient appartenu à ces communistes désabusés qui s’opposèrent à la politique de Nicolae Ceauşescu, et en particulier les signataires de ladite Lettre des six Gheorghe Apostol, Alexandru Barladeanu, Corneliu Manescu, Grigore Raceanu, Constantin Parvulescu et Silviu Brucan — diffusée en mars 1989.

La mémoire amnésique des dirigeants
Dans ses mémoires, Silviu Brucan rappelle ses positions successives tenues pendant la période stalinienne de Gheorghe Gheorghiu-Dej : secrétaire général de la rédaction de Scânteia, l’organe officiel du Parti communiste roumain, de 1944-1955 ; ambassadeur aux États-Unis et à l’ONU jusqu’en 1962 ; puis président de la Télévision roumaine jusqu’en 1966, moment où il fut écarté par Ceausescu[1].
À son tour, Ion Gheorghe Maurer a raconté, dans un entretien, son activité d’avocat de communistes incarcérés pendant la période de l’entre-deux-guerres, puis de ministre des Affaires étrangères en 1957-1958, de président du Conseil des ministres de 1961 à 1974 et enfin de membre du Bureau politique du Parti communiste de 1960-1974[2]. Éminence grise de Gheorghiu-Dej, cynique absolu, il affichait sans vergogne un comportement « bourgeois » et joua un rôle de premier plan dans l’accession de Ceausescu au pouvoir, avec le but inavoué de conserver ses positions et son influence. C’est la raison pour laquelle, par la suite, il fut le dernier dirigeant de la vieille garde écarté par Ceausescu. Alexandru Barladeanu a lui aussi relaté son parcours, depuis ses fonctions de premier rang dans le domaine économique de 1946-1967 et de membre du Bureau politique de 1965 à 1969, jusqu’au moment où il fut écarté par Ceausescu[3].
Dans un autre entretien, Corneliu Manescu évoque ses actions en tant que militant du Parti communiste dans l’illégalité de 1936 à 1944, puis comme chef de la Direction politique supérieure de l’Armée de 1953 à 1955, de ministre des Affaires étrangères de 1961 à 1972 et enfin de président de la XXIIème session de l’Assemblée générale de l’ONU en 1967-1968[4]. Lui aussi fut écarté par Ceausescu qui voulait s’affirmer comme seul artisan de la politique extérieure, et qui le nomma ambassadeur en France de 1977 à 1982.
Le dernier entretien avec les anciens responsables du parti que nous citerons ici est celui du politologue Vladimir Tismaneanu avec Ion Iliescu, ancien chef de la Section de propagande du parti de 1965 à 1971, jusqu’au moment où il fut à son tour écarté par Ceausescu, avant de devenir l’homme du jour pendant les changements politiques de décembre 1989, puis président de la Roumanie post-communiste de 1990 à 1996, et de nouveau de 2001 à 2004[5].
Toutes ces tentatives d’établir un dialogue avec les anciens responsables du régime n’ont guère apporté en matière de connaissance historique et n’ont pas plus été marqués par les remords de ceux-ci. L’exemple le plus frappant est celui d’Iliescu, qui d’ailleurs met en cause le caractère scientifique de ce type de démarche. Et pourtant ce sont les seules relations que nous ayons de ce monde si particulier de la direction communiste, ce qui ne manque pas de signification. Il y a toutefois une exception : dans un entretien, Cornel Burtica — l’un des proches de Ceausescu depuis la période Gheorghiu-Dej, membre du Bureau politique de 1974 à 1982 et chef de la Section de propagande du parti en 1977-1978 — a reconnu, même si c’était d’une manière générale et déclarative, sa culpabilité dans le fonctionnement du régime communiste[6]. La seule personne à avoir reconnu clairement sa culpabilité à l’égard des victimes et qui avait manifestement des remords, fut Frant Tandara, un tueur de la Securitate qui sévissait dans les camps de concentration et les hôpitaux psychiatriques au cours des années 1950 ; il n’avait d’ailleurs eu aucune fonction idéologique ou administrative[7].
Il est significatif qu’en 1989, à l’exception de Burtica, tous ces personnages qui demeuraient encore attachés aux politiques staliniennes de Gheorghiu-Dej aient à nouveau joué un rôle politique dans la Roumanie post-communiste : Brucan est devenu l’idéologue du Front du Salut national (FSN), Barladeanu président du Sénat de 1990 à 1992 et Manescu sénateur du FSN.

Une société en majorité nostalgique
Quant à la population, il n’est pas exagéré d’affirmer qu’au moment du changement du régime, seule une minorité était favorable aux politiques anticommunistes, tandis que la très grande majorité nourrissait plutôt des sentiments anti-Ceausescu. La terreur des années 1940 et 1950, la destruction de l’opposition et de la société civile, l’étatisation de l’économie, l’érosion des valeurs communautaires, l’accommodation avec le « socialisme réel », la corruption, l’éducation, la rééducation et la propagande communistes ont conduit à cet état de choses. La mémoire de cette réalité douloureuse n’a été entretenue que par une minorité hétéroclite formée d’anciens détenus politiques, persécutés et exilés du régime, anciens propriétaires illégalement dépossédés, intellectuels et scientifiques, et, dans une certaine mesure, quelques partis politiques[8].
Or, à ce lourd héritage du communisme s’est ajoutée la dynamique propre au post-communisme. Les sentiments et les attitudes anticommunistes ont joué un rôle important, sinon décisif, dans les changements politiques de 1996 — avec l’arrivée au pouvoir de la Convention démocratique et l’élection du président Emil Constantinescu — et de 2004 — avec l’ascension de l’Alliance « Justice et Vérité » et l’élection du président Traïan Basescu.
Toutefois, comme l’indiquent les sondages d’opinion les plus récents[9], en général les Roumains ont une image globalement positive de la période communiste, et les leaders politiques de ce régime, notamment Ceausescu, ont une image sociale plutôt favorable. Ils considèrent le communisme comme une bonne idée mal appliquée, et même l’arrivée au pouvoir des communistes comme un événement positif. La crise et les difficultés économiques présentes expliquent en partie cette vision nostalgique de l’histoire et le repli correspondant sur le passé, ainsi que l’adhésion à une certaine idée de l’État providence-assistance. Pour le reste, il faut prendre en compte l’absence de connaissance historique, les Roumains s’informant en général auprès des médias audiovisuels qui diffusent rarement des émissions sur le communisme. Les discussions sur ce sujet n’occupent pas une place centrale dans les relations quotidiennes en famille ou entre amis, et elles sont quasi inexistantes à l’école, ce qui souligne le clivage entre les générations, ainsi que les problèmes liés à l’instruction scolaire. Il est vrai que les résultats — en l’état actuel — du débat historique n’ont pas atteint la conscience publique et que les politiques de décommunisation de l’État sont quasi inexistantes. Ce qui explique que cette image édulcorée du passé communiste coexiste avec une représentation critique du passé, qui admet l’existence de la répression politique et des privilèges de la nomenklatura, signe du fort trauma social.
Enfin, la question des dossiers de la Securitate et de la lustration ne sont pas centrales, même si l’on admet que les victimes du régime doivent être indemnisées pour leurs souffrances, que les propriétés confisquées doivent être restituées, et qu’il est nécessaire de créer une journée de commémoration des victimes ainsi qu’un un Musée national de la dictature communiste.

La mémoire des victimes
À partir de 1990 ont été publiés en Roumanie, par centaines, des témoignages de victimes du régime communiste et en particulier d’anciens détenus politiques[10]. Ils abordent la période stalinienne de Gheorghiu-Dej — avec la terreur sociale, les arrestations arbitraires, les interrogatoires atroces et la dure détention dans les grands centres (comme les prisons de Sighet, Pitesti, Gherla, Aïud), la « rééducation » ou le travail forcé dans les camps du Canal Danube-mer Noire — mais aussi la répression du régime Ceaucescu, caractérisée plutôt par des méthodes prophylactiques, d’ailleurs également efficaces.
Parmi cette masse, citons quelques exemple : Adriana Georgescu, ancienne secrétaire de Nicolae Radescu — le dernier Premier ministre non-communiste —, torturée et violée « en manège » — une « tournante » — par les hommes de la Securitate naissante[11] ; Lena Constante, arrêtée et incarcérée avec le groupe de l’ancien leader communiste Lucretiu Patrascanu, tenue longtemps à l’isolement total[12] ; Grigore Dumitrescu, victime de la rééducation violente à Pitesti[13] ; Ion Ioanid, qui décrit le régime de travail forcé dans les mines de plomb et qui est l’auteur d’une des rares évasions des camps[14] ; Vasile Motrescu, Mircea Dobre ou Maria Cenusa, membres de la résistance armée dans les montagnes[15] ; l’écrivain Paul Goma, arrêté pendant les manifestations étudiantes de 1956, qui témoigne sur sa détention à la prison Gherla et sa mise en résidence forcée[16], sa dissidence de 1977 et les mesures répressives qui l’ont obligé à s’exiler en France avec sa famille[17] ; les dissidents Vasile Paraschiv et Doïna Cornea et le résistant Radu Filipescu[18], pendant les années 1970-1980.
Il existe aussi des documentaires, peu nombreux mais en général de très bonne qualité, comme le Mémorial de la douleur de Lucia Hossu-Longin, réalisatrice à la Télévision publique, qui a interviewé un grand nombre de victimes et qui a couvert, du point de vue thématique, presque toute la gamme répressive du régime. La série a débuté en 1991 et continue jusqu’à aujourd’hui encore[19]. Le film d’Andreï Ujica et Harun Farocki, Les Vidéogrammes d’une révolution (1992), présente dans une perspective documentaire très sensible le début de la révolution à Timiaoara ; et le documentaire d’Ujica, L’Autobiographie de Nicolae Ceaucescu (2010), restitue, en s’appuyant sur des documentaires et des photos de propagande, l’ascension, le pouvoir, le déclin et la chute du dictateur communiste. Enfin, Nicolae Margineanu, dans son film L’Arrachage du masque (2010), donne la parole à huit victimes de la rééducation violente qui racontent les horreurs par lesquelles elles sont passées, en particulier dans la prison de Pitesti[20].
Après les documentaires, les films de Cristian Mungiu et ses collaborateurs, 4 mois, 3 semaines et 2 jours (2007) et Souvenirs de l’époque d’or (2009) — la dénomination idéologique de la période Ceausescu — transfigurent, avec un grande force esthétique, l’interdiction de l’avortement sous l’ère Ceausescu et ses conséquences, puis six histoires urbaines très suggestives.
Par contre, le communisme en Roumanie a été condamné officiellement par un discours du président Traïan Basescu au Parlement, le 18 décembre 2006, à la suite de la rédaction du Rapport de la Commission présidentielle pour l’analyse de la dictature communiste en Roumanie (CPADCR) dirigée par le politologue Vladimir Tismaneanu. Les media audiovisuels montrent un penchant prononcé pour une présentation « people » de la vie et de l’action de la famille Ceausescu et des anciens membres de la nomenklatura.

La question des archives
L’un des plus importants fonds d’archives concernant l’histoire de la période communiste se trouvent aux Archives nationales, en particulier les archives des structures centrales et locales du Parti communiste. Pour en donner une idée quantitative et qualitative, signalons que rien que le Bureau des archives contemporaines de Bucarest, qui détient les documents du Comité central, gère 231 fonds, représentant plus de cinq kilomètres linéaires. Signe de son importance, le 22 décembre 1989, lors de la chute du régime Ceausescu, l’armée s’est emparée de ces archives avant de les verser progressivement, entre 1992 et 2008, dans les archives publiques. Étant donnée cette situation et le fait qu’elles ont été remises sans instrument de recherche et dans un grand état de désorganisation, on ne peut garantir leur intégralité.
Pendant une longue période, l’institution est restée prisonnière de la culture du secret, typique du régime totalitaire, et d’une série de pratiques — en partie héritées, en partie création du post-communisme — qui ne cadraient plus avec le nouveau contexte[21]. Mais, à partir de 2007, après la nomination à sa direction du jeune historien Dorin Dobrincu, un des membres de la CPADCR, elle est passée par une réforme radicale concernant l’égal accès du public aux documents, le traitement des fonds et, en général, l’ouverture au monde archivistique contemporain. Pour éliminer tout obstacle, les archives du Parti communiste ont été déclassifiées globalement en 2006 par un arrêt du Conseil national de la Défense, organisme dirigé par le président de la République.
D’autres fonds d’archives importantes du communisme roumain sont ceux des structures de la police politique, gérée par le Conseil national pour la recherche des archives de la Securitate (CNSAS), institution fondée en 1999. À cause de l’hostilité d’une partie de la classe politique, mais aussi à ses pratiques, l’activité du Conseil a été marquée par de nombreuses irrégularités qui se sont répercutées sur l’accès aux documents[22]. Toutefois, elle semble s’améliorer d’une certaine manière depuis plusieurs années, notamment après l’intervention du président Basescu qui, en 2005, a ordonné aux services secrets héritiers de la Securitate de transférer au Conseil une grande quantité d’archives. D’autres fonds d’archive sont en dépôt dans les Archives militaires, les Archives diplomatiques, des Archives du ministère de la Justice et du ministère de l’Intérieur, qui, situation typique aux archives spéciales, sont d’accès plus restrictif[23].
En matière de recherche historique sur la période du régime communiste, la Roumanie compte cinq institutions principales : le Centre international d’études du Mémorial des victimes du communisme et de la résistance de Sighet créé en 1992 ; l’Institut national pour la recherche sur le totalitarisme, crée en 1993 à l’initiative du président Ion Iliescu dans le but de contrecarrer Sighet et qui est dirigé par Radu Ciuceanu, d’ailleurs une victime de la « rééducation » de Pitesti ; le CNSAS apparu en 2000 ; l’IICCMER depuis 2005 ; et, pour un court laps de temps, la CPADCR en 2006[24]. Les progrès de la science historique sont difficiles et prennent du temps, comme pour toute de la société roumaine, mais les derniers années ont apporté un nouveau souffle, dû pour l’essentiel à une nouvelle génération de jeunes historiens attachés à l’étude du communisme.
La mémoire du communisme et de ses victimes a été portée par un certain nombre de personnalités — les anciens dissidents Doïna Cornea, Vasile Paraschiv jusqu’à sa mort en 2011 ou encore Paul Goma — mais aussi des institutions. Citons d’abord l’Association des anciens détenus politiques (AFDPR), dirigée par Constantin « Ticu » Dumitrescu jusqu’à sa mort en 2008, et la Fédération roumaine des anciens détenus politiques et combattants anticommunistes (FRFDPLA), dirigée par Gheorghe Jijie jusqu’à sa mort en 2012. Viennent ensuite le Mémorial de Sighet dirigé par Ana Blandiana et Romulus Rusan, et la Fondation « Memoria » avec sa très active filiale de Pitesti, dirigée par l’universitaire Ilie Popa. Et enfin la Fondation « Negru Voda » de Fagaras, dirigée par Florentin Olteanu. Face à ces institutions est apparue une version concurrente de la mémoire et de l’histoire du changement du régime Ceausescu, soutenue par Ion Iliescu et ses associés à travers l’Institut de la révolution de décembre 1989, créé en 2004. Celui-ci promeut la mémoire et la version historique du groupe de communistes qui a organisé la chute du couple Ceausescu et s’est emparé du pouvoir en décembre 1989.

La Justice face aux crimes du régime communiste
Comparée à d’autres pays ex-communistes, la Roumanie se caractérise par le nombre élevé d’actions pénales intentées, à partir de décembre 1989, à l’encontre de responsables et d’auteurs d’actions répressives[25], mais qui concernent pour l’essentiel des actions menées contre les manifestants pendant la Révolution. Au total, 245 personnes ont été inculpées dans les procès de la Révolution, dont 176 ont été condamnées — 38 étaient membres des directions centrales et départementales du Parti communiste, les autres étant responsables de la milice, de l’armée et de la Securitate. À l’inverse, seules deux actions pénales intentées contre des actions criminelles de la période communiste, ont débouché sur des condamnations.
Le facteur politique a joué son rôle dans l’évolution des causes. Ainsi, sous les trois mandats d’Iliescu et de son parti (1990-1996 et 2000-2004), aucun procès n’a visé les responsables de crimes perpétrés pendant la période communiste, et la tendance a été d’exonérer l’armée pour son actions au cours de la Révolution de 1989 et après. Par contre, sous le président Constantinescu et la Convention démocratique (1996-2000), puis sous le président Basescu et l’Alliance « Justice et Vérité » (2004-2007), l’implication de l’armée en tant qu’institution et de ses responsables de premier rang a été démontrée d’une manière convaincante. En outre, des responsabilités liées à la politique générale du régime communiste ont été recherchées.
Le premier procès a été celui du couple Ceausescu, en décembre 1989. Il s’est déroulé en secret, sans les garanties juridiques et procédurales minimales, et la sentence était établie à l’avance ; ce fut un acte typique de justice communiste qui avait pour but de légitimer le noyau du nouveau pouvoir en tant qu’« émanation de la Révolution » et de clore d’emblée le débat sur le caractère criminel du régime dans son ensemble. En outre, le 4 janvier 1990 Ion Iliescu promulgua un décret qui amnistiait toutes les infractions mineures, visant ainsi les actions répressives déployées avant et après la chute de Ceausescu. Cette politique a suscité une forte opposition anticommuniste qui, le 12 janvier 1990, a occupé la place symbolique, baptisée par la suite Place de la révolution, puis qui a exigé l’interdiction du Parti communiste et l’application de la peine de mort pour les responsables du désastre national et pour les crimes perpétrés sous le régime communiste. Ce même jour, Iliescu est venu sur place puis a annoncé à la télévision qu’il était d’accord avec les manifestants et allait prendre un décret correspondant aux deux revendications citées. Mais il n’a, par la suite, jamais promulgué cet acte.
Ce déroulement des événements et la confrontation entre les groupes politiques ont conduit à la multitude de procès déjà indiqués. La nature de l’accusation a varié, en fonction des périodes et des situations : depuis l’ahurissant « génocide lent » dont fut accusé le couple Ceausescu, jusqu’au « génocide », ou encore « crime extrêmement grave ». Le premier type d’inculpation se fondait sur l’article du Code pénal qui assimilait les crimes contre l’humanité — caractéristiques des régimes communistes — au génocide, et les procès de la période 1990-1991 ont suivi cette ligne juridique, en particulier le procès des membres du Bureau politique du parti sous Ceausescu. À mesure de la consolidation du nouveau pouvoir, la justice renonça à ce type d’accusation pour crimes imprescriptibles et privilégia des inculpations pour crimes ordinaires. Mais même dans ce cas, les condamnés ont été graciés ou ont bénéficié de libérations pour raisons médicales.
La criminalité du régime a été mise en examen en 1991 par l’AFDPR dans le cadre d’une action intitulée le « Procès du communisme », où les anciens détenus politiques ont indiqué la hiérarchie des responsabilités et ont soutenu l’accusation ; mais les conditions objectives de mise en œuvre du procès et l’action de la Procurature n’ont même pas débouché sur des condamnations pour crimes ordinaires. Toutefois, l’initiative a été importante du point de vue juridique en permettant la suspension du cours de prescription de ces crimes. D’autres inculpations de ce type ont eu lieu dans l’affaire de l’« Autobus » concernant une tentative de passage illégal de la frontière qui s’était terminée par la liquidation physique de ses auteurs et d’un certain nombre de leurs otages ; elles visaient des responsables de la Milice et de la Securitate qui furent définitivement condamnés en 2002. Cela concerne aussi le cas de Gheorghe Ursu, un collaborateur clandestin de la Radio « Europe libre » qui tenait en secret un journal politique ; il fut liquidé physiquement à la maison d’arrêt de la Milice par des détenus de droit commun, à l’instigation des officiers de la Securitate, dont une partie des responsables ont été condamnés en 2000-2005. Citons enfin le cas de Gheorghe Craciun, l’ancien commandant de la prison d’Aïud, poursuivi en justice à la suite d’une action de la FRFDPLA mais dont la procédure fut close à la suite du décès de l’inculpé en 2001.
Depuis 2004, un grand nombre de poursuites pénales qui visaient des crimes du régime communiste — dont une partie formulée par l’IICCMER et l’autre par les représentants des victimes — ont été groupées en un seul dossier. En dépit des efforts de l’argumentation juridique, du projet de modifier le Code pénal si nécessaire et du soutien aux accusations, toutes ces poursuites sont restées sans résultat. La cause en est à rechercher dans le maintien en place des cadres du régime communiste et la persistance des pratiques et des structures communistes au sein du monde politique et de l’administration post-communistes, dans la complicité du système judiciaire avec le régime totalitaire — et donc sa culpabilité propre — et dans les demi-mesures des responsables politiques qui visaient plutôt gagner la sympathie des milieux sociaux sensibles à la mémoire du communisme que de trancher d’une manière nette la question juridique de l’héritage du communisme[26].
Le projet de la loi de lustration établi en 1994 a été remis au Parlement en même temps qu’un projet révisé de « déconspiration » de la Securitate visant à rendre publics les noms de ses responsables et agents, et d’un projet d’annulation des condamnations politiques de la période communiste. Or seul le second projet a abouti à une loi en 1999, le nouveau pouvoir ne concédant aux représentants des victimes que la possibilité de recevoir une indemnisation, plutôt symbolique, pour chaque année de détention. Et toutes les tentatives ultérieures pour faire adopter la loi de lustration ont été vouées à l’échec.
Dès 1990, une des revendications des victimes a été l’annulation des condamnations politiques et des mesures administratives à caractère répressif du régime communiste. Cette revendication n’a été satisfaite qu’avec retard et d’une manière limitée. La loi n’a été promulguée qu’en 2009, soit vingt ans après la chute du régime, alors que d’autres États, comme la Hongrie par exemple, l’avaient adoptée dès 1989-1990. En outre, elle a exclu de son champ d’application les personnes condamnées pour infractions contre l’humanité ou pour « idées à caractère raciste ou xénophobes, […] l’antisémitisme, l’incitation à la xénophobie », même si les accusations et les instructions, au cours de la période communiste, violaient dans une bonne partie de ces cas les garanties juridiques les plus élémentaires ; elles étaient le plus souvent contraires à la réalité, le but principal du régime communiste dans ces cas n’étant pas de punir les vrais coupables, mais d’éliminer des opposants, réels ou supposés. Par ailleurs, les condamnations politiques opérées sous couvert de sentences de droit commun, typiques du régime Ceausescu, ne purent être reconnues comme telles qu’à la suite de l’examen d’une instance de jugement, ce qui a généré tout un processus long et difficile. Enfin, la loi a reconnu le droit des personnes concernées à demander des compensations matérielles et morales, mais par la suite celles-ci ont été plafonnées à 10 000 euros pour les victimes et 2 500 euros pour leurs héritiers. En conclusion, on peut affirmer que cette loi n’a pas rendu justice à toutes les victimes et qu’elle a été orientée vers des indemnisations qui n’avaient jamais été la revendication prioritaire des persécutés politiques qui visaient avant tout à ce que la société reconnaisse leur innocence[27].
Enfin, en 2011 l’IICCMER a fait adopter plusieurs lois mémorielles : la loi inaugurant le 23 août — en mémoire du Pacte de non-agression germano-soviétique qui coûta si cher à la Roumanie — comme Journée de commémoration des victimes du fascisme et du communisme ; la loi déclarant le 21 décembre — début de la Révolution anti-Ceausescu à Bucarest — Journée des victimes du communisme en Roumanie ; la loi baptisant le 9 mars — dans le calendrier chrétien le jour des Quarante martyrs de Sébaste — Journée des détenus politiques anticommunistes. Telles furent les seules conséquences pratiques de la condamnation officielle du régime communiste prononce au Parlement, en 2006, par le président Basescu.

Les lieux de mémoire
Les lieux de la mémoire communiste sont exclusivement centrés sur les anciens lieux de détention de la période Gheorghiu-Dej, effet du fort trauma collectif lié aux arrestations, aux enquêtes et aux dures conditions de détention. Ainsi, la Fondation Académie civique a créé, en 1992, un Mémorial dans la prison de Sighet où pendant les années 1950 furent incarcérées, en vue d’être exterminées physiquement, les élites administratives, politiques, culturelles et religieuses du régime pré-communiste ; le Mémorial gère aussi un Centre international d’études sur le communisme et a créé à Sighet un Musée d’histoire du communisme[28].
À Pitești, à partir de 2001, les filiales Arges de l’AFDPR et de la Fondation « Memoria » n’ont réussi sauver qu’une aile de l’ancienne prison où a eu lieu une forme spécifique de « rééducation » par un processus complexe de tortures physiques et psychologiques, le reste des bâtiments étant détruits par certains représentants du capitalisme local[29]. L’ancienne prison accueille une petite exposition et un monument commémoratif a été érigé ainsi qu’un petit mémorial. Afin d’empêcher la démolition totale qui était prévue, la Fondation a réussi à faire classer l’aile de la prison comme monument historique. Mais à partir de 2011, son propriétaire a découvert les vertus de la mémoire et créé une fondation concurrente qui développe des activités lucratives avec l’appui de personnes travaillant aussi à l’ICCMER[30]. Chaque année, la Fondation « Memoria » organise à Pitesti un colloque consacré à la « rééducation », qui réunit les victimes, leurs descendants et des chercheurs sur le communisme.
Ramnicu Sărat, une autre ancienne prison à régime sévère où ont entre autres été incarcérés les leaders du Parti national paysan pendant les années 1950 et 1960, est maintenant en charge de l’IICCMER qui va entamer des travaux afin d’en faire un mémorial. D’autres projets se sont heurtés à des difficultés insurmontables et n’ont pas dépassé ce stade, comme par exemple celui d’établir un mémorial dans la prison de Jilava, près de Bucarest, qui fut le plus grand centre de transit des détenus.
À Fagaraș, à partir de 2000, la Fondation « Negru Voda » a commencé à transformer en mémorial une partie du bâtiment du château où, pendant les années 1950, ont été incarcérés notamment les policiers et les membres des services de renseignement antérieurs à la prise de pouvoir communiste. Depuis 2006, la fondation organise chaque année un colloque à l’histoire et à la mémoire du communisme.
De ce point de vue, l’absence d’un musée national de la dictature communiste à Bucarest est significative, même si son érection était une des recommandations de la CPADCR, et si le Mémorial de Sighet a créé dans la capitale un petit musée du communisme. En dépit des aspirations de la société et de ses efforts pendant la période 2010-2012, l’IICCMER, qui est pourtant une agence gouvernementale, n’a pas réussi à convaincre les responsables gouvernementaux de la nécessité du projet.
En 2013, le Parquet a inculpé Alexandru Visinescu, l’ancien comandant de la prison de Râmnicu Sărat, d’abord pour « génocide » puis, après la modification du Code pénal roumain le 1er février 2014, pour « crimes contre l’humanité ». En 2014, Ioan Ficior, l’ancien comandant du camp de Periprava, a aussi été inculpé sous la même accusation. Tout récemment, Visinescu a été condamné, en premier instance, à 20 ans de prison. Ces inculpations, lancées à l’initiative de l’IICCMER — l’institution chargée de saisir les procureurs en vue de poursuites pénales pour criminalité communiste —, reprennent les intitulés des poursuites lancées, sans succès, au cours de la période 2005-2010, ce qui indique un changement d’optique au niveau du Parquet[31].
Par ailleurs, à partir de 2013 l’activité de l’IICCMER a été marquée par des polémiques, notamment à la suite de la démission de huit de ses chercheurs qui ont accusé le directeur, Andrei Muraru, de pressions et comportement abusif[32]. Ayant des ambitions politiques en vue des élections européennes où il s’est présenté en mai 2014 sous le slogan « Le pays d’Andrei sans communistes », celui-ci a remis sa démission et a été remplacé par un théologien, Radu Preda. On ne voit donc pas très bien comment cet institut peut continuer à accompagner l’action d’inculpation pénale des tortionnaires communistes sans bénéficier des compétences de chercheurs expérimentés.

La Roumanie se caractérise par une forte persistance des structures communistes dans la politique, les services secrets, l’administration et l’économie, qui ont réussi à bloquer, jusqu’à aujourd’hui, le processus de dé-communisation du pays. Les personnes et les institutions les plus importantes qui étudient la période communiste et qui défendent la mémoire des victimes sont minées de l’intérieur ou doublées par d’autres qui agissent en sens contraire pour revaloriser l’héritage communiste ou, tout simplement, créer la confusion.
À ce lourd héritage communiste s’ajoute la dynamique propre au post-communisme et à son changement de générations. La société roumaine est aujourd’hui tombée dans le consumérisme et le noyau dur anticommuniste des années 1990 s’est irrémédiablement érodé. Le pouvoir n’a donc plus besoin, comme dans les années 1990, de procès de façade et, depuis des années, la Justice a condamné un seul responsable communiste impliqué dans des activités criminelles.
Il reste un long et difficile travail de mémoire et d’histoire à effectuer et il faudrait, si possible, poursuivre les actions d’inculpation des responsables de crimes. C’est nécessaire pour les victimes et leurs héritiers, mais aussi pour la société tout entière. Car, on le sait bien, un passé aussi douloureux, qui ne passe pas, a l’habitude de se manifester en dépit du nouveau contexte.

NOTES
[1] S. Brucan, Generatia irosita [La génération échouée], Bucarest, Éditions Universul/Calistrat Hogas, 1992.

[2] Lavinia Betea, Maurer si lumea de ieri. Marturii despre stalinizarea României [Maurer et le monde d’hier : témoignages sur la stalinisation de la Roumanie], Arad, Fondation culturelle « Ioan Slavici »/Felix, 1995.

[3] Lavinia Betea, Alexandru Barladeanu despre Dej, Ceausescu si Iliescu. Convorbiri [Entretiens avec Alexandru Bârlădeanu sur Dej, Ceausescu et Iliescu], Bucarest, Éditions Evenimentul Romanesc, 1997.

[4] Convorbiri neterminate. Corneliu Manescu in dialog cu Lavinia Betea [Entretiens inachevées : Corneliu Manescu en dialogue avec Lavinia Betea], Iasi/Bucarest, Polirom, 2001.

[5] Marele Soc din finalul unui secol scurt. Ion Iliescu in dialog cu Vladimir Tismaneanu [Le grand choc de la fin d’un siècle court : Ion Iliescu en dialogue avec Vladimir Tismaneanu], Bucarest, Enciclopedica, 2004.

[6] Rodica Chelaru, Culpe care nu se uita. Convorbiri cu Cornel Burtica [Fautes que l’on n’oublie pas : entretiens avec Cornel Burtica], Bucarest, Curtea Veche, 2001.

[7] Voir D. Jela, Drumul Damascului. Spovedania unui fost tortionar [Le Chemin de Damas : la confession d’un ancien tortionnaire], Bucarest, Humanitas, 1999.

[8] Voir G. Serbanesco, Sous la botte soviétique, Préf. de Marceau Pivert et du comte de Casa Rojas, Beauronne, Les Éditions internationales, 1957.

[9] Il s’agit d’une suite de quatre sondages réalisés par CSOP d’août 2010 à décembre 2011 pour l’Institut d’investigation des crimes du communisme et la mémoire de l’exil roumain (IICCMER), consultables à l’adresse : http://www.iiccr.ro/ro/sondaje_iiccmer_csop/, consulté le 22 août 2013.

[10] Pour la présentation des plus importants, voir Flori Stanescu, « L’univers concentrationnaire en Roumanie : 1945-1964. Rétrospective d’édition, 1990-1995 », Totalitarianism Archives, n°13-14, 1996-1997, p. 399-435 ; Ruxandra Cesereanu, Gulagul în constiinta romanească [Le Goulag dans la conscience roumaine], Iași, Éditions Polirom, 2005 ; voir aussi le numéro spécial de Communisme, « Roumanie, un totalitarisme ordinaire », n° 91-92, 2007.

[11] A. Georgescu-Cosmovici, Au commencement était la fin, Paris, Hachette, 1951.

[12] L. Constante, L'évasion silencieuse : trois mille jours, seule, dans les prisons roumaines, Paris, La Découverte, 1990 ; Evadarea imposibila [L'évasion impossible], Bucarest, Éditions de la Fondation culturelle roumaine, 1993.

[13] G. Dumitrescu, Demascarea [Le Démasquement], Munich, chez l’auteur, 1978.

[14] I. Ioanid, Inchisoarea noastra cea de toate zilele [Notre prison de tous les jours], 5 vol., Bucarest, Albatros, 1991-1996.

[15] V. Motrescu, M. Dobre, Jurnale din rezistența anticomunista [Journaux de la résistance anticommuniste], Bucarest, Nemira, 2006 ; http://despredemnitate.files.wordpress.com/2011/05/maria-cenusa-inceputu-amrului.pdf, consulté le 25 août 2013.

[16] P. Goma, Gherla, Paris, Gallimard, 1976 ; Gherla-Latesti, Bucarest, Curtea Veche, 2008.

[17] P. Goma, Le tremblement des hommes, Paris, Seuil, 1979 ; Culoarea curcubeului ’77. Cod « Barbosul » [La couleur de l’arc-en-ciel ’77. Nom de code : « Le Barbu »], Iasi/Bucarest, Polirom, 2005.

[18] V. Paraschiv, Lupta mea pentru sindicate libere in Romania. Terorismul politic organizat de statul comunist [Ma lutte pour des syndicats libres en Roumanie. Le terrorisme politique organisé par l’État communiste], Iasi/Bucarest, Polirom, 2005 ; D. Cornea, Scrisori deschise si alte texte [Lettres ouvertes et autres textes], Bucarest, Humanitas, 1991 ; Herma Kennel, Es gibt Dinge, die muß man einfach tun. Der Widerstand des jungen Radu Filipescu, Freiburg, Herder/Spektrum, 1995.

[19] En 2007, 36 épisodes ont été réunis sur 10 DVD et publiés à Bucarest, aux Éditions Humanitas.

[20] Sur cette pratique spécifique de torture, « l’arrachage du masque », voir l’ouvrage d’Irena Talaban, Terreur communiste et résistance culturelle. Les Arracheurs de masques, Paris, PUF, coll. « Ethnologies », 1999.

[21] Pour un panorama des archives du communisme roumain, voir M. Stanescu, « Les archives roumaines après 1990 : la mémoire sous contrôle », Géopolitique, nº 90, avril-juillet 2005, p. 79-85, ou : http://mircea-stanescu.blogspot.ro/2007/12/les-archives-roumaines-aprs1990-la.html.

[22] M. Stanescu, Le Conseil national pour la recherche des archives de la Securitate et l’héritage du passé communiste, http://mircea-stanescu.blogspot.ro/2007/12/le-conseil-national-pour-ltude-des.html; L. Stan (dir.), Transitional Justice in Eastern Europe and the Former Soviet Union: Reckoning with the Communist Past, Routledge, 2008.

[23] Conclusion qui résulte de la conférence intitulée Les archives du communisme entre discours et réalité, organisée par l’IICCMER, à Bucarest, le 23 août 2013.

[24] Sur l’IICCMER, voir M. Oprea, « L’institut de recherche sur les crimes du communisme », Communisme, nº 91-92, 2007, pp. 197-200 ; et du même, « Pourquoi le communisme doit être condamné », in Memento Gulag, Paris, ICES/Éditions Cujas, 2007, pp. 101-110.

[25] Pour un panorama quasi-complet de ces procès, voir R. Grosescu, R. Ursachi, Justitia penala de tranzitie. De la Nürnberg la postcomunismul romanesc [La justice pénale de transition : de Nuremberg au post-communisme roumain], Iasi/Bucarest, Polirom, 2009, p. 107-275.

[26] Voir R. Grosescu, « La justice de transition dans la Roumanie post-communiste : limites des stratégies adoptées et complicités sociales avec l’ex-régime communiste », in Memento Gulag, op. cit., pp. 111-139.

[27] Pour les avatars de l’application de cette loi, qui en 2010 a été radicalement amendé par la Cour constitutionnelle, et depuis jamais revue par le Parlement, voir M. Stanescu, Despre spinoasa problema a despagubirilor datorate fostilor detinuți politici [Sur l’épineuse question des compensations dues aux anciens détenus politiques] consultable à l’adresse : http://mircea-stanescu.blogspot.ro/2014/11/despre-spinoasa-problema-despagubirilor.html.

[28] Voir par exemple le cas emblématique, pour les historiens, de George I. Bratianu : J. Rogister, « George I. Bratianu. Historien et homme politique », Communisme, nº 59-60, 1999, pp. 219-228.

[29] Pour cette action voir, par exemple, M. Stanescu, « La “rééducation“ dans la Roumanie communiste : 1948-1955 », in Stéphane Courtois (dir.), Communisme 2013, Paris, Vendémiaire, 2013, pp. 433-446.

[30] Voir M. Stanescu, Simpozionul reeducarii“, Pitești 2013 [Le colloque sur la « rééducation », Pitesti 2013], consultable à l’adresse : http://mircea-stanescu.blogspot.ro/2013/10/simpozionul-reeducarii-pitesti-2013.html.

[31] Pour la signification de ces inculpations voir Elena Dragomir, Mircea Stanescu, The Media vs. Historical Accuracy: How Romania’s Current Communist Trials Are Being Misrepresented, à l’adresse : http://www.balkanalysis.com/romania/2015/01/11/the-media-vs-historical-accuracy-how-romanias-current-communist-trials-are-being-misrepresented/.

[32] Voir, par exemple, le quotidien Romania libera du 27 mars 2013, à l’adresse : http://www.romanialibera.ro/special/reportaje/personalitatile-care-se-leapada-de-institutul-de-cercetare-a-crimelor-comunismului-297399.

Étude publiée en « COMMUNISME 20115 », sous la direction de Stéphane Courtois, Éditions Vendémiaires, Paris, 2015, pp. 169-182.