Après décembre 1989, les membres de l’ancienne nomenklatura communiste roumaine
ne se sont généralement pas précipités pour évoquer leurs responsabilités sur
le pouvoir communiste. Les seuls à le faire furent des dirigeants de la vieille
garde, plus poussés par le désir de justifier leurs positions idéologiques et
pratiques, que près d’assumer le bilan négatif de la période totalitaire. Il
n’est donc pas très étonnant qu’ils aient appartenu à ces communistes désabusés
qui s’opposèrent à la politique de Nicolae Ceauşescu, et en particulier les
signataires de ladite Lettre des six —
Gheorghe
Apostol, Alexandru Barladeanu, Corneliu Manescu, Grigore Raceanu,
Constantin Parvulescu et Silviu Brucan
— diffusée en mars 1989.
La mémoire amnésique des
dirigeants
Dans ses mémoires, Silviu Brucan rappelle ses positions successives
tenues pendant la période stalinienne de Gheorghe Gheorghiu-Dej : secrétaire
général de la rédaction de Scânteia,
l’organe officiel du Parti communiste roumain, de 1944-1955 ; ambassadeur
aux États-Unis et à l’ONU jusqu’en 1962 ; puis président de la Télévision
roumaine jusqu’en 1966, moment où il fut écarté par Ceausescu[1].
À son tour, Ion Gheorghe Maurer a raconté, dans un
entretien, son activité d’avocat de communistes incarcérés pendant la période
de l’entre-deux-guerres, puis de ministre des Affaires étrangères en 1957-1958,
de président du Conseil des ministres de 1961 à 1974 et enfin de membre du Bureau
politique du Parti communiste de 1960-1974[2]. Éminence grise de Gheorghiu-Dej,
cynique absolu, il affichait sans vergogne un comportement « bourgeois »
et joua un rôle de premier plan dans l’accession de Ceausescu au pouvoir, avec
le but inavoué de conserver ses positions et son influence. C’est la raison
pour laquelle, par la suite, il fut le dernier dirigeant de la vieille garde écarté
par Ceausescu. Alexandru Barladeanu a lui aussi relaté son parcours, depuis ses
fonctions de premier rang dans le domaine économique de 1946-1967 et de membre
du Bureau politique de 1965 à 1969, jusqu’au moment où il fut écarté par Ceausescu[3].
Dans un autre entretien, Corneliu Manescu évoque ses
actions en tant que militant du Parti communiste dans l’illégalité de 1936 à
1944, puis comme chef de la Direction politique supérieure de l’Armée de 1953 à
1955, de ministre des Affaires étrangères de 1961 à 1972 et enfin de président
de la XXIIème session de l’Assemblée générale de l’ONU en 1967-1968[4]. Lui
aussi fut écarté par Ceausescu qui voulait s’affirmer comme seul artisan de la
politique extérieure, et qui le nomma ambassadeur en France de 1977 à 1982.
Le dernier entretien avec les anciens responsables du parti
que nous citerons ici est celui du politologue Vladimir Tismaneanu avec Ion Iliescu,
ancien chef de la Section de propagande du parti de 1965 à 1971, jusqu’au
moment où il fut à son tour écarté par Ceausescu, avant de devenir l’homme du
jour pendant les changements politiques de décembre 1989, puis président de la
Roumanie post-communiste de 1990 à 1996, et de nouveau de 2001 à 2004[5].
Toutes ces tentatives d’établir
un dialogue avec les anciens responsables du régime n’ont guère apporté en matière de
connaissance historique et n’ont pas plus été marqués par les remords de
ceux-ci. L’exemple le plus frappant est celui d’Iliescu, qui d’ailleurs met en
cause le caractère scientifique de ce type de démarche. Et pourtant ce sont les
seules relations que nous ayons de ce monde si particulier de la direction
communiste, ce qui ne manque pas de signification. Il y a
toutefois une exception : dans un entretien, Cornel Burtica — l’un des
proches de Ceausescu depuis la période
Gheorghiu-Dej, membre du Bureau politique de 1974 à 1982 et chef de la Section
de propagande du parti en 1977-1978 — a reconnu, même si c’était d’une manière
générale et déclarative, sa culpabilité dans le fonctionnement
du régime communiste[6]. La seule
personne à avoir reconnu clairement sa culpabilité à
l’égard des victimes et qui avait manifestement des remords, fut Frant Tandara,
un tueur de la Securitate qui
sévissait dans les camps de concentration et les hôpitaux psychiatriques au
cours des années 1950 ; il n’avait d’ailleurs eu aucune
fonction idéologique ou administrative[7].
Il est significatif qu’en 1989, à l’exception de Burtica,
tous ces personnages qui demeuraient encore attachés aux politiques staliniennes
de Gheorghiu-Dej aient à nouveau joué un rôle politique dans la Roumanie post-communiste :
Brucan est devenu l’idéologue du Front du Salut national (FSN), Barladeanu
président du Sénat de 1990 à 1992 et Manescu sénateur du FSN.
Une
société en majorité nostalgique
Quant à la population, il n’est pas exagéré d’affirmer
qu’au moment du changement du régime, seule une minorité était favorable aux
politiques anticommunistes, tandis que la très grande majorité nourrissait
plutôt des sentiments anti-Ceausescu. La terreur des années 1940 et 1950, la
destruction de l’opposition et de la société civile, l’étatisation de
l’économie, l’érosion des valeurs communautaires, l’accommodation avec le « socialisme
réel », la corruption, l’éducation, la rééducation et la propagande
communistes ont conduit à cet état de choses. La mémoire de cette réalité
douloureuse n’a été entretenue que par une minorité hétéroclite formée d’anciens
détenus politiques, persécutés et exilés du régime, anciens propriétaires
illégalement dépossédés, intellectuels et scientifiques, et, dans une certaine
mesure, quelques partis politiques[8].
Or, à ce lourd héritage du communisme s’est ajoutée la dynamique
propre au post-communisme. Les sentiments et les attitudes anticommunistes ont
joué un rôle important, sinon décisif, dans les changements politiques de 1996
— avec l’arrivée au pouvoir de la Convention démocratique et l’élection du
président Emil Constantinescu — et de 2004 — avec l’ascension de l’Alliance
« Justice et Vérité » et l’élection du président Traïan Basescu.
Toutefois, comme l’indiquent les sondages d’opinion les
plus récents[9], en général les Roumains ont une image globalement positive de
la période communiste, et les leaders politiques de ce régime, notamment Ceausescu,
ont une image sociale plutôt favorable. Ils considèrent le communisme comme une
bonne idée mal appliquée, et même l’arrivée au pouvoir des communistes comme un
événement positif. La crise et les difficultés économiques présentes expliquent
en partie cette vision nostalgique de l’histoire et le repli correspondant sur
le passé, ainsi que l’adhésion à une certaine idée de l’État providence-assistance.
Pour le reste, il faut prendre en compte l’absence de connaissance historique, les
Roumains s’informant en général auprès des médias audiovisuels qui diffusent
rarement des émissions sur le communisme. Les discussions sur ce sujet
n’occupent pas une place centrale dans les relations quotidiennes en famille ou
entre amis, et elles sont quasi inexistantes à l’école, ce qui souligne le
clivage entre les générations, ainsi que les problèmes liés à l’instruction
scolaire. Il est vrai que les résultats — en l’état actuel — du débat
historique n’ont pas atteint la conscience publique et que les politiques de décommunisation
de l’État sont quasi inexistantes. Ce qui explique que cette image édulcorée du
passé communiste coexiste avec une représentation critique du passé, qui admet
l’existence de la répression politique et des privilèges de la nomenklatura,
signe du fort trauma social.
Enfin, la question des dossiers de la Securitate et de la lustration ne sont
pas centrales, même si l’on admet que les victimes du régime doivent être indemnisées
pour leurs souffrances, que les propriétés confisquées doivent être restituées,
et qu’il est nécessaire de créer une journée de commémoration des victimes ainsi
qu’un un Musée national de la dictature communiste.
La
mémoire des victimes
À partir de 1990 ont été publiés en Roumanie, par centaines, des
témoignages de victimes du régime communiste et en particulier d’anciens
détenus politiques[10]. Ils abordent la période stalinienne de Gheorghiu-Dej —
avec la terreur sociale, les arrestations arbitraires, les interrogatoires
atroces et la dure détention dans les grands centres (comme les prisons de Sighet,
Pitesti, Gherla, Aïud), la « rééducation » ou le travail forcé dans
les camps du Canal Danube-mer Noire — mais aussi la répression du régime
Ceaucescu, caractérisée plutôt par des méthodes prophylactiques, d’ailleurs
également efficaces.
Parmi cette masse, citons quelques exemple : Adriana
Georgescu, ancienne secrétaire de Nicolae Radescu — le dernier Premier ministre
non-communiste —, torturée et violée « en manège » — une
« tournante » — par les hommes de la Securitate naissante[11] ; Lena Constante, arrêtée et
incarcérée avec le groupe de l’ancien leader communiste Lucretiu Patrascanu,
tenue longtemps à l’isolement total[12] ; Grigore Dumitrescu, victime de
la rééducation violente à Pitesti[13] ; Ion Ioanid, qui décrit le régime
de travail forcé dans les mines de plomb et qui est l’auteur d’une des rares
évasions des camps[14] ; Vasile Motrescu, Mircea Dobre ou Maria Cenusa, membres
de la résistance armée dans les montagnes[15] ; l’écrivain Paul Goma,
arrêté pendant les manifestations étudiantes de 1956, qui témoigne sur sa
détention à la prison Gherla et sa mise en résidence forcée[16], sa dissidence
de 1977 et les mesures répressives qui l’ont obligé à s’exiler en France avec
sa famille[17] ; les dissidents Vasile Paraschiv et Doïna Cornea et le
résistant Radu Filipescu[18], pendant les années 1970-1980.
Il existe aussi des documentaires, peu nombreux mais en
général de très bonne qualité, comme le Mémorial
de la douleur de Lucia
Hossu-Longin, réalisatrice à la Télévision publique, qui a interviewé un grand
nombre de victimes et qui a couvert, du point de vue thématique, presque toute
la gamme répressive du régime. La série a débuté en 1991 et continue jusqu’à
aujourd’hui encore[19]. Le film d’Andreï Ujica et Harun Farocki, Les Vidéogrammes d’une révolution (1992),
présente dans une perspective documentaire très sensible le début de la révolution
à Timiaoara ; et le documentaire d’Ujica, L’Autobiographie de Nicolae Ceaucescu (2010), restitue, en
s’appuyant sur des documentaires et des photos de propagande, l’ascension, le
pouvoir, le déclin et la chute du dictateur communiste. Enfin, Nicolae Margineanu,
dans son film L’Arrachage du masque (2010),
donne la parole à huit victimes de la rééducation violente qui racontent les
horreurs par lesquelles elles sont passées, en particulier dans la prison de
Pitesti[20].
Après les documentaires, les films de Cristian Mungiu et
ses collaborateurs, 4 mois, 3 semaines et
2 jours (2007) et Souvenirs de l’époque
d’or (2009) — la dénomination idéologique de la période Ceausescu —
transfigurent, avec un grande force esthétique, l’interdiction de l’avortement
sous l’ère Ceausescu et ses conséquences, puis six histoires urbaines très
suggestives.
Par contre, le communisme en Roumanie a été condamné
officiellement par un discours du président Traïan Basescu au Parlement, le 18
décembre 2006, à la suite de la rédaction du Rapport de la Commission présidentielle
pour l’analyse de la dictature communiste en Roumanie (CPADCR) dirigée par le
politologue Vladimir Tismaneanu. Les media audiovisuels montrent un penchant
prononcé pour une présentation « people » de la vie et de l’action de
la famille Ceausescu et des anciens membres de la nomenklatura.
La question des archives
L’un des plus importants fonds d’archives concernant l’histoire de la
période communiste se trouvent aux Archives nationales, en particulier les
archives des structures centrales et locales du Parti communiste. Pour en
donner une idée quantitative et qualitative, signalons que rien que le Bureau
des archives contemporaines de Bucarest, qui détient les documents du Comité
central, gère 231 fonds, représentant plus de cinq kilomètres linéaires. Signe
de son importance, le 22 décembre 1989, lors de la chute du régime Ceausescu, l’armée
s’est emparée de ces archives avant de les verser progressivement, entre 1992
et 2008, dans les archives publiques. Étant donnée cette situation et le fait
qu’elles ont été remises sans instrument de recherche et dans un grand état de
désorganisation, on ne peut garantir leur intégralité.
Pendant une longue période, l’institution est restée prisonnière
de la culture du secret, typique du régime totalitaire, et d’une série de pratiques
— en partie héritées, en partie création du post-communisme — qui ne cadraient
plus avec le nouveau contexte[21]. Mais, à partir de 2007, après la nomination
à sa direction du jeune historien Dorin Dobrincu, un des membres de la CPADCR, elle
est passée par une réforme radicale concernant l’égal accès du public aux
documents, le traitement des fonds et, en général, l’ouverture au monde
archivistique contemporain. Pour éliminer tout obstacle, les archives du Parti
communiste ont été déclassifiées globalement en 2006 par un arrêt du Conseil
national de la Défense, organisme dirigé par le président de la République.
D’autres fonds d’archives importantes du communisme
roumain sont ceux des structures de la police politique, gérée par le Conseil
national pour la recherche des archives de la Securitate (CNSAS), institution fondée
en 1999. À cause de l’hostilité d’une partie de la classe politique, mais aussi
à ses pratiques, l’activité du Conseil a été marquée par de nombreuses
irrégularités qui se sont répercutées sur l’accès aux documents[22]. Toutefois,
elle semble s’améliorer d’une certaine manière depuis plusieurs années, notamment
après l’intervention du président Basescu qui, en 2005, a ordonné aux services
secrets héritiers de la Securitate de
transférer au Conseil une grande quantité d’archives. D’autres fonds d’archive sont
en dépôt dans les Archives militaires, les Archives diplomatiques, des Archives
du ministère de la Justice et du ministère de l’Intérieur, qui, situation
typique aux archives spéciales, sont d’accès plus restrictif[23].
En matière de recherche historique sur la période du
régime communiste, la Roumanie compte cinq institutions principales : le Centre
international d’études du Mémorial des victimes du communisme et de la résistance
de Sighet créé en 1992 ; l’Institut national pour la recherche sur le
totalitarisme, crée en 1993 à l’initiative du président Ion Iliescu dans le but
de contrecarrer Sighet et qui est dirigé par Radu Ciuceanu, d’ailleurs une
victime de la « rééducation » de Pitesti ; le CNSAS apparu en
2000 ; l’IICCMER depuis 2005 ; et, pour un court laps de temps, la CPADCR
en 2006[24]. Les progrès de la science historique sont difficiles et prennent
du temps, comme pour toute de la société roumaine, mais les derniers années ont
apporté un nouveau souffle, dû pour l’essentiel à une nouvelle génération de
jeunes historiens attachés à l’étude du communisme.
La mémoire du communisme et de ses victimes a été portée par
un certain nombre de personnalités — les anciens dissidents Doïna Cornea, Vasile
Paraschiv jusqu’à sa mort en 2011 ou encore Paul Goma — mais aussi des
institutions. Citons d’abord l’Association des anciens détenus politiques
(AFDPR), dirigée par Constantin « Ticu » Dumitrescu jusqu’à sa mort
en 2008, et la Fédération roumaine des anciens détenus politiques et combattants
anticommunistes (FRFDPLA), dirigée par Gheorghe Jijie jusqu’à sa mort en 2012.
Viennent ensuite le Mémorial de Sighet dirigé par Ana Blandiana et Romulus
Rusan, et la Fondation « Memoria » avec sa très active filiale de
Pitesti, dirigée par l’universitaire Ilie Popa. Et enfin la Fondation « Negru
Voda » de Fagaras, dirigée par Florentin Olteanu. Face à ces institutions
est apparue une version concurrente de la mémoire et de l’histoire du changement
du régime Ceausescu, soutenue par Ion Iliescu et ses associés à travers
l’Institut de la révolution de décembre 1989, créé en 2004. Celui-ci promeut la
mémoire et la version historique du groupe de communistes qui a organisé la
chute du couple Ceausescu et s’est emparé du pouvoir en décembre 1989.
La Justice face aux crimes du
régime communiste
Comparée à d’autres pays ex-communistes, la Roumanie se caractérise par le
nombre élevé d’actions pénales intentées, à partir de décembre 1989, à
l’encontre de responsables et d’auteurs d’actions répressives[25], mais qui
concernent pour l’essentiel des actions menées contre les manifestants pendant
la Révolution. Au total, 245 personnes ont été inculpées dans les procès de la
Révolution, dont 176 ont été condamnées — 38 étaient membres des directions
centrales et départementales du Parti communiste, les autres étant responsables
de la milice, de l’armée et de la Securitate.
À l’inverse, seules deux actions pénales intentées contre des actions
criminelles de la période communiste, ont débouché sur des condamnations.
Le facteur politique a joué son rôle dans l’évolution des
causes. Ainsi, sous les trois mandats d’Iliescu et de son parti (1990-1996 et
2000-2004), aucun procès n’a visé les responsables de crimes perpétrés pendant
la période communiste, et la tendance a été d’exonérer l’armée pour son actions
au cours de la Révolution de 1989 et après. Par contre, sous le président
Constantinescu et la Convention démocratique (1996-2000), puis sous le
président Basescu et l’Alliance « Justice et Vérité » (2004-2007), l’implication
de l’armée en tant qu’institution et de ses responsables de premier rang a été démontrée
d’une manière convaincante. En outre, des responsabilités liées à la politique générale
du régime communiste ont été recherchées.
Le premier procès a été celui du couple Ceausescu, en
décembre 1989. Il s’est déroulé en secret, sans les garanties juridiques et
procédurales minimales, et la sentence était établie à l’avance ; ce fut
un acte typique de justice communiste qui avait pour but de légitimer le noyau
du nouveau pouvoir en tant qu’« émanation de la Révolution » et de clore
d’emblée le débat sur le caractère criminel du régime dans son ensemble. En
outre, le 4 janvier 1990 Ion Iliescu promulgua un décret qui amnistiait toutes
les infractions mineures, visant ainsi les actions répressives déployées avant
et après la chute de Ceausescu. Cette politique a suscité une forte opposition
anticommuniste qui, le 12 janvier 1990, a occupé la place symbolique, baptisée
par la suite Place de la révolution, puis qui a exigé l’interdiction du Parti
communiste et l’application de la peine de mort pour les responsables du
désastre national et pour les crimes perpétrés sous le régime communiste. Ce
même jour, Iliescu est venu sur place puis a annoncé à la télévision qu’il
était d’accord avec les manifestants et allait prendre un décret correspondant
aux deux revendications citées. Mais il n’a, par la suite, jamais promulgué cet
acte.
Ce déroulement des événements et la confrontation entre
les groupes politiques ont conduit à la multitude de procès déjà indiqués. La
nature de l’accusation a varié, en fonction des périodes et des
situations : depuis l’ahurissant « génocide lent » dont fut
accusé le couple Ceausescu, jusqu’au « génocide », ou encore « crime
extrêmement grave ». Le premier type d’inculpation se fondait sur
l’article du Code pénal qui assimilait les crimes contre l’humanité —
caractéristiques des régimes communistes — au génocide, et les procès de la
période 1990-1991 ont suivi cette ligne juridique, en particulier le procès des
membres du Bureau politique du parti sous Ceausescu. À mesure de la
consolidation du nouveau pouvoir, la justice renonça à ce type d’accusation pour
crimes imprescriptibles et privilégia des inculpations pour crimes ordinaires.
Mais même dans ce cas, les condamnés ont été graciés ou ont bénéficié de libérations
pour raisons médicales.
La criminalité du régime a été mise en examen en 1991 par
l’AFDPR dans le cadre d’une action intitulée le « Procès du
communisme », où les anciens détenus politiques ont indiqué la hiérarchie
des responsabilités et ont soutenu l’accusation ; mais les conditions
objectives de mise en œuvre du procès et l’action de la Procurature n’ont même
pas débouché sur des condamnations pour crimes ordinaires. Toutefois, l’initiative
a été importante du point de vue juridique en permettant la suspension du cours
de prescription de ces crimes. D’autres inculpations de ce type ont eu lieu
dans l’affaire de l’« Autobus » concernant une tentative de passage
illégal de la frontière qui s’était terminée par la liquidation physique de ses
auteurs et d’un certain nombre de leurs otages ; elles visaient des
responsables de la Milice et de la Securitate
qui furent définitivement condamnés en 2002. Cela concerne aussi le cas de
Gheorghe Ursu, un collaborateur clandestin de la Radio « Europe libre »
qui tenait en secret un journal politique ; il fut liquidé physiquement à
la maison d’arrêt de la Milice par des détenus de droit commun, à l’instigation
des officiers de la Securitate, dont
une partie des responsables ont été condamnés en 2000-2005. Citons enfin le cas
de Gheorghe Craciun, l’ancien commandant de la prison d’Aïud, poursuivi en
justice à la suite d’une action de la FRFDPLA mais dont la procédure fut close
à la suite du décès de l’inculpé en 2001.
Depuis 2004, un grand nombre de poursuites pénales qui
visaient des crimes du régime communiste — dont une partie formulée par
l’IICCMER et l’autre par les représentants des victimes — ont été groupées en
un seul dossier. En dépit des efforts de l’argumentation juridique, du projet
de modifier le Code pénal si nécessaire et du soutien aux accusations, toutes ces
poursuites sont restées sans résultat. La cause en est à rechercher dans le
maintien en place des cadres du régime communiste et la persistance des
pratiques et des structures communistes au sein du monde politique et de l’administration
post-communistes, dans la complicité du système judiciaire avec le régime
totalitaire — et donc sa culpabilité propre — et dans les demi-mesures des
responsables politiques qui visaient plutôt gagner la sympathie des milieux
sociaux sensibles à la mémoire du communisme que de trancher d’une manière
nette la question juridique de l’héritage du communisme[26].
Le projet de la loi de lustration établi en 1994 a été
remis au Parlement en même temps qu’un projet révisé de « déconspiration »
de la Securitate visant à rendre
publics les noms de ses responsables et agents, et d’un projet d’annulation des
condamnations politiques de la période communiste. Or seul le second projet a
abouti à une loi en 1999, le nouveau pouvoir ne concédant aux représentants des
victimes que la possibilité de recevoir une indemnisation, plutôt symbolique, pour
chaque année de détention. Et toutes les tentatives ultérieures pour faire
adopter la loi de lustration ont été vouées à l’échec.
Dès 1990, une des revendications des victimes a été l’annulation
des condamnations politiques et des mesures administratives à caractère
répressif du régime communiste. Cette revendication n’a été satisfaite qu’avec
retard et d’une manière limitée. La loi n’a été promulguée qu’en 2009, soit
vingt ans après la chute du régime, alors que d’autres États, comme la Hongrie
par exemple, l’avaient adoptée dès 1989-1990. En outre, elle a exclu de son
champ d’application les personnes condamnées pour infractions contre l’humanité
ou pour « idées à caractère raciste ou xénophobes, […] l’antisémitisme,
l’incitation à la xénophobie », même si les accusations et les instructions,
au cours de la période communiste, violaient dans une bonne partie de ces cas
les garanties juridiques les plus élémentaires ; elles étaient le plus
souvent contraires à la réalité, le but principal du régime communiste dans ces
cas n’étant pas de punir les vrais coupables, mais d’éliminer des opposants,
réels ou supposés. Par ailleurs, les condamnations politiques opérées sous
couvert de sentences de droit commun, typiques du régime Ceausescu, ne purent
être reconnues comme telles qu’à la suite de l’examen d’une instance de
jugement, ce qui a généré tout un processus long et difficile. Enfin, la loi a
reconnu le droit des personnes concernées à demander des compensations
matérielles et morales, mais par la suite celles-ci ont été plafonnées à
10 000 euros pour les victimes et 2 500 euros pour leurs héritiers.
En conclusion, on peut affirmer que cette loi n’a pas rendu justice à toutes
les victimes et qu’elle a été orientée vers des indemnisations qui n’avaient
jamais été la revendication prioritaire des persécutés politiques qui visaient avant
tout à ce que la société reconnaisse leur innocence[27].
Enfin, en 2011 l’IICCMER a fait adopter plusieurs lois mémorielles : la loi inaugurant
le 23 août — en mémoire du Pacte de non-agression germano-soviétique qui coûta si
cher à la Roumanie — comme Journée de commémoration des victimes du fascisme et
du communisme ; la loi déclarant le 21 décembre — début de la Révolution
anti-Ceausescu à Bucarest — Journée des victimes du communisme en Roumanie ;
la loi baptisant le 9 mars — dans le calendrier chrétien le jour des Quarante
martyrs de Sébaste — Journée des détenus politiques anticommunistes. Telles furent
les seules conséquences pratiques de la condamnation officielle du régime
communiste prononce au Parlement, en 2006, par le président Basescu.
Les lieux de mémoire
Les lieux de la mémoire communiste sont exclusivement
centrés sur les anciens lieux de détention de la période Gheorghiu-Dej, effet
du fort trauma collectif lié aux arrestations, aux enquêtes et aux dures
conditions de détention. Ainsi, la Fondation Académie civique a créé, en 1992,
un Mémorial dans la prison de Sighet où pendant les années 1950 furent incarcérées,
en vue d’être exterminées physiquement, les élites administratives, politiques,
culturelles et religieuses du régime pré-communiste ; le Mémorial gère aussi
un Centre international d’études sur le communisme et a créé à Sighet un Musée
d’histoire du communisme[28].
À Pitești, à partir de 2001, les filiales Arges de
l’AFDPR et de la Fondation « Memoria » n’ont réussi sauver qu’une aile
de l’ancienne prison où a eu lieu une forme spécifique de « rééducation »
par un processus complexe de tortures physiques et psychologiques, le reste des
bâtiments étant détruits par certains représentants du capitalisme local[29]. L’ancienne
prison accueille une petite exposition et un monument commémoratif a été érigé
ainsi qu’un petit mémorial. Afin d’empêcher la démolition totale qui était
prévue, la Fondation a réussi à faire classer l’aile de la prison comme monument
historique. Mais à partir de 2011, son propriétaire a découvert les vertus de
la mémoire et créé une fondation concurrente qui développe des activités lucratives
avec l’appui de personnes travaillant aussi à l’ICCMER[30]. Chaque année, la
Fondation « Memoria » organise à Pitesti un colloque consacré à la « rééducation »,
qui réunit les victimes, leurs descendants et des chercheurs sur le communisme.
Ramnicu Sărat, une autre ancienne prison à régime sévère
où ont entre autres été incarcérés les leaders du Parti national paysan pendant
les années 1950 et 1960, est maintenant en charge de l’IICCMER qui va entamer
des travaux afin d’en faire un mémorial. D’autres projets se sont heurtés à des
difficultés insurmontables et n’ont pas dépassé ce stade, comme par exemple
celui d’établir un mémorial dans la prison de Jilava, près de Bucarest, qui fut
le plus grand centre de transit des détenus.
À Fagaraș, à partir de 2000, la Fondation « Negru
Voda » a commencé à transformer en mémorial une partie du bâtiment du château
où, pendant les années 1950, ont été incarcérés notamment les policiers et les
membres des services de renseignement antérieurs à la prise de pouvoir
communiste. Depuis 2006, la fondation organise chaque année un colloque à
l’histoire et à la mémoire du communisme.
De ce point de vue, l’absence d’un musée national de la
dictature communiste à Bucarest est significative, même si son érection était
une des recommandations de la CPADCR, et si le Mémorial de Sighet a créé dans
la capitale un petit musée du communisme. En dépit des aspirations de la société
et de ses efforts pendant la période 2010-2012, l’IICCMER, qui est pourtant une
agence gouvernementale, n’a pas réussi à convaincre les responsables gouvernementaux
de la nécessité du projet.
En 2013, le Parquet a inculpé Alexandru Visinescu,
l’ancien comandant de la prison de Râmnicu
Sărat, d’abord pour « génocide » puis, après la modification du Code
pénal roumain le 1er février 2014, pour « crimes contre
l’humanité ». En 2014, Ioan Ficior, l’ancien comandant du camp de Periprava, a aussi été inculpé sous la même accusation.
Tout récemment, Visinescu a été condamné, en premier instance, à 20 ans de
prison. Ces inculpations, lancées à l’initiative de l’IICCMER — l’institution
chargée de saisir les procureurs en vue de poursuites pénales pour criminalité
communiste —, reprennent les intitulés des poursuites lancées, sans succès, au
cours de la période 2005-2010, ce qui indique un changement d’optique au niveau
du Parquet[31].
Par ailleurs, à partir de 2013 l’activité de l’IICCMER a
été marquée par des polémiques, notamment à
la suite de la démission de huit de ses chercheurs qui ont accusé le directeur,
Andrei Muraru, de pressions et comportement abusif[32]. Ayant des ambitions
politiques en vue des élections européennes où il s’est présenté en mai 2014 sous
le slogan « Le pays d’Andrei sans communistes », celui-ci a remis sa démission
et a été remplacé par un théologien, Radu Preda. On ne voit donc pas très bien
comment cet institut peut continuer à accompagner l’action d’inculpation pénale
des tortionnaires communistes sans bénéficier des compétences de chercheurs
expérimentés.
La Roumanie se caractérise par une forte persistance des structures
communistes dans la politique, les services secrets, l’administration et l’économie,
qui ont réussi à bloquer, jusqu’à aujourd’hui, le processus de dé-communisation
du pays. Les personnes et les institutions les plus importantes qui étudient la
période communiste et qui défendent la mémoire des victimes sont minées de l’intérieur
ou doublées par d’autres qui agissent en sens contraire pour revaloriser l’héritage
communiste ou, tout simplement, créer la confusion.
À ce lourd héritage communiste s’ajoute la dynamique
propre au post-communisme et à son changement de générations. La société roumaine
est aujourd’hui tombée dans le consumérisme et le noyau dur anticommuniste des années
1990 s’est irrémédiablement érodé. Le pouvoir n’a donc plus besoin, comme dans
les années 1990, de procès de façade et, depuis des années, la Justice a
condamné un seul responsable communiste impliqué dans des activités
criminelles.
Il reste un long et difficile travail de mémoire et
d’histoire à effectuer et il faudrait, si possible, poursuivre les actions
d’inculpation des responsables de crimes. C’est nécessaire pour les victimes et
leurs héritiers, mais aussi pour la société tout entière. Car, on le sait bien,
un passé aussi douloureux, qui ne passe pas, a l’habitude de se manifester en
dépit du nouveau contexte.
NOTES
[1] S. Brucan, Generatia irosita
[La génération échouée], Bucarest,
Éditions Universul/Calistrat Hogas, 1992.
[2] Lavinia Betea, Maurer si lumea de
ieri. Marturii despre stalinizarea României [Maurer et le monde d’hier : témoignages sur la stalinisation de la
Roumanie], Arad, Fondation culturelle « Ioan Slavici »/Felix,
1995.
[3] Lavinia Betea, Alexandru
Barladeanu despre Dej, Ceausescu si Iliescu. Convorbiri [Entretiens avec Alexandru Bârlădeanu sur
Dej, Ceausescu et Iliescu], Bucarest, Éditions Evenimentul Romanesc, 1997.
[4] Convorbiri neterminate. Corneliu
Manescu in dialog cu Lavinia Betea [Entretiens
inachevées : Corneliu Manescu en dialogue avec Lavinia Betea], Iasi/Bucarest,
Polirom, 2001.
[5] Marele Soc
din finalul unui secol scurt. Ion Iliescu in dialog cu Vladimir
Tismaneanu [Le
grand choc de la fin d’un siècle court : Ion Iliescu en dialogue avec
Vladimir Tismaneanu], Bucarest, Enciclopedica, 2004.
[6] Rodica Chelaru, Culpe
care nu se uita. Convorbiri cu Cornel Burtica [Fautes que l’on n’oublie pas : entretiens avec Cornel Burtica],
Bucarest, Curtea Veche, 2001.
[7] Voir D. Jela, Drumul
Damascului. Spovedania unui fost tortionar [Le Chemin de Damas : la confession d’un ancien tortionnaire],
Bucarest, Humanitas, 1999.
[8] Voir G. Serbanesco, Sous la botte
soviétique, Préf. de Marceau Pivert et du comte de Casa Rojas, Beauronne,
Les Éditions internationales, 1957.
[9] Il s’agit d’une suite de quatre sondages réalisés par CSOP d’août 2010
à décembre 2011 pour l’Institut d’investigation des crimes du communisme et la
mémoire de l’exil roumain (IICCMER), consultables à l’adresse : http://www.iiccr.ro/ro/sondaje_iiccmer_csop/,
consulté le 22 août 2013.
[10] Pour la présentation des plus importants, voir Flori Stanescu,
« L’univers concentrationnaire en Roumanie : 1945-1964. Rétrospective
d’édition, 1990-1995 », Totalitarianism
Archives, n°13-14, 1996-1997, p. 399-435 ; Ruxandra Cesereanu, Gulagul în constiinta romanească [Le Goulag dans la conscience roumaine],
Iași, Éditions Polirom, 2005 ; voir aussi le numéro spécial de Communisme, « Roumanie, un
totalitarisme ordinaire », n° 91-92, 2007.
[11] A. Georgescu-Cosmovici, Au commencement était la fin, Paris,
Hachette, 1951.
[12] L. Constante, L'évasion
silencieuse : trois mille jours,
seule, dans les prisons roumaines, Paris, La Découverte, 1990 ; Evadarea imposibila [L'évasion impossible], Bucarest,
Éditions de la Fondation culturelle roumaine, 1993.
[13] G. Dumitrescu, Demascarea [Le Démasquement], Munich, chez l’auteur,
1978.
[14] I. Ioanid, Inchisoarea noastra
cea de toate zilele [Notre prison de
tous les jours], 5 vol., Bucarest, Albatros, 1991-1996.
[15] V. Motrescu, M. Dobre, Jurnale din rezistența anticomunista [Journaux de la résistance anticommuniste],
Bucarest, Nemira, 2006 ; http://despredemnitate.files.wordpress.com/2011/05/maria-cenusa-inceputu-amrului.pdf,
consulté le 25 août 2013.
[16] P. Goma, Gherla, Paris,
Gallimard, 1976 ; Gherla-Latesti,
Bucarest, Curtea Veche, 2008.
[17] P. Goma, Le tremblement des hommes, Paris, Seuil,
1979 ; Culoarea curcubeului ’77. Cod
« Barbosul » [La couleur de
l’arc-en-ciel ’77. Nom de code : « Le Barbu »], Iasi/Bucarest,
Polirom, 2005.
[18] V. Paraschiv, Lupta mea pentru sindicate libere in Romania. Terorismul
politic organizat de statul comunist [Ma lutte pour des syndicats libres en
Roumanie. Le terrorisme politique organisé par l’État communiste], Iasi/Bucarest, Polirom, 2005 ;
D. Cornea, Scrisori deschise si
alte texte [Lettres ouvertes et
autres textes], Bucarest, Humanitas, 1991 ; Herma Kennel, Es gibt Dinge, die muß man einfach tun. Der
Widerstand des jungen Radu Filipescu, Freiburg, Herder/Spektrum, 1995.
[19] En 2007, 36 épisodes ont été réunis sur 10 DVD et publiés à
Bucarest, aux Éditions Humanitas.
[20] Sur cette pratique spécifique de torture, « l’arrachage du
masque », voir l’ouvrage d’Irena Talaban, Terreur communiste et résistance culturelle. Les Arracheurs de masques,
Paris, PUF, coll. « Ethnologies », 1999.
[21] Pour un panorama des archives du communisme roumain, voir M. Stanescu,
« Les archives
roumaines après 1990 : la mémoire sous contrôle », Géopolitique, nº 90, avril-juillet
2005, p. 79-85, ou : http://mircea-stanescu.blogspot.ro/2007/12/les-archives-roumaines-aprs1990-la.html.
[22] M. Stanescu, Le
Conseil national pour la recherche des archives de la Securitate et l’héritage
du passé communiste, http://mircea-stanescu.blogspot.ro/2007/12/le-conseil-national-pour-ltude-des.html; L. Stan (dir.), Transitional
Justice in Eastern Europe and the Former Soviet Union: Reckoning with the
Communist Past, Routledge, 2008.
[23] Conclusion qui résulte de la conférence intitulée Les archives du communisme entre discours et réalité, organisée par
l’IICCMER, à Bucarest, le 23 août 2013.
[24] Sur l’IICCMER, voir M. Oprea, « L’institut de recherche sur les
crimes du communisme », Communisme,
nº 91-92, 2007,
pp. 197-200 ; et du même, « Pourquoi le communisme doit être
condamné », in Memento Gulag, Paris, ICES/Éditions Cujas, 2007, pp. 101-110.
[25] Pour un panorama quasi-complet de ces procès, voir R. Grosescu, R. Ursachi,
Justitia penala de tranzitie. De la
Nürnberg la postcomunismul romanesc [La
justice pénale de transition : de Nuremberg au post-communisme roumain],
Iasi/Bucarest, Polirom, 2009, p. 107-275.
[26] Voir R. Grosescu, « La justice de transition dans la Roumanie
post-communiste : limites des stratégies adoptées et complicités sociales
avec l’ex-régime communiste », in Memento
Gulag, op. cit., pp. 111-139.
[27] Pour les avatars de l’application de cette loi, qui en 2010 a été radicalement
amendé par la Cour constitutionnelle, et depuis jamais revue par le Parlement,
voir M. Stanescu, Despre spinoasa
problema a despagubirilor datorate fostilor detinuți politici [Sur l’épineuse question des compensations
dues aux anciens détenus politiques] consultable
à l’adresse : http://mircea-stanescu.blogspot.ro/2014/11/despre-spinoasa-problema-despagubirilor.html.
[28] Voir par exemple le cas emblématique, pour les historiens, de George
I. Bratianu : J. Rogister, « George I. Bratianu. Historien et homme
politique », Communisme, nº 59-60, 1999, pp.
219-228.
[29] Pour cette action voir, par exemple, M. Stanescu, « La
“rééducation“ dans la Roumanie communiste : 1948-1955 », in Stéphane
Courtois (dir.), Communisme 2013,
Paris, Vendémiaire, 2013, pp. 433-446.
[30] Voir M. Stanescu, Simpozionul „reeducarii“, Pitești 2013 [Le colloque sur la
« rééducation », Pitesti 2013], consultable à l’adresse : http://mircea-stanescu.blogspot.ro/2013/10/simpozionul-reeducarii-pitesti-2013.html.
[31] Pour la signification de ces inculpations voir Elena Dragomir, Mircea
Stanescu, The Media vs. Historical
Accuracy: How Romania’s Current Communist Trials Are Being Misrepresented,
à l’adresse : http://www.balkanalysis.com/romania/2015/01/11/the-media-vs-historical-accuracy-how-romanias-current-communist-trials-are-being-misrepresented/.
[32] Voir, par exemple, le quotidien Romania
libera du 27 mars 2013, à l’adresse : http://www.romanialibera.ro/special/reportaje/personalitatile-care-se-leapada-de-institutul-de-cercetare-a-crimelor-comunismului-297399.
Étude publiée en « COMMUNISME 20115 », sous la
direction de Stéphane Courtois, Éditions Vendémiaires, Paris, 2015, pp. 169-182.